
↬ rewind ↫
Novembre 2017. La porte de notre appartement Bordelais se claque pour la dernière fois derrière nous. Notre coeur se serre, mais pas le temps de s’épancher, d’une part parce que nous sommes littéralement sur les rotules après ces deux semaines de déménagement intense, et d’autre part, parce qu’il nous reste tant, mais tannt de choses à faire avant le grand départ. On embarque à bord d’Ernest, – qui n’était à l’époque encore qu’un camion utilitaire –, chargé jusqu’au cou des restes de cartons à déposer au stock, et nous faisons nos derniers adieux à Bordeaux. Hier soir, c’était triste, l’appartement vide, les dernières affaires sur le pas de la porte, les copains assis par terre entre les cartons de déménagement et de pizzas, des bières chaudes, les pièces qui résonnent. On met la radio à fond, on chasse ces pensées qui ne sont d’ailleurs plus que des souvenirs, et on laisse défiler sous nos yeux les grandes avenues blanches de Bordeaux pour avancer … vers la suite.
Décembre 2017. On se remet à peine du déménagement, nous sommes à Lille chez mes parents (mel). On profite des derniers moments en famille, et aussi du confort que nous apporte un retour chez papa maman. Nous sommes en plein combat avec le vendeur d’Ernest, car on a découvert suite à la vente que le petit avait en fait une boite de vitesse défectueuse. La 4ème vitesse n’arrête pas de sauter, on se fait de sacrées frayeurs sur l’autoroute. Mais le vendeur nous assure que tout va bien se passer, et qu’il va nous le réparer. Et ça nous arrange bien de le croire, alors nous lui laissons Ernest une dernière fois afin qu’il rétablisse les choses.
Puis d’un coup, une sonnerie. Et puis le noir. Un noir total. Nous prenons des billets de train dans une urgence et dans un brouillard à peine descriptible. On arrive plus à parler, à penser, à percuter. C’est sûrement un cauchemar, ceux dont on se réveille en sueur mais où l’on est tellement rassurés lorsque l’on se rend compte que ça n’est pas arrivé. Le train s’arrête enfin, nous descendons, en catastrophe. Et puis on arrive dans la famille de Ben, mais c’est déjà trop tard. Il fait nuit, les néons de l’hôpital nous paraissent encore plus aveuglants qu’à la normale, l’odeur qui y règne encore plus insupportable, les sons encore plus agressifs. C’était donc bien vrai. Il n’y aura pas de réveil, ni pour nous, ni pour elle. Elle est bel et bien partie, juste comme ça, et le ciel s’effondre sur nos têtes.
Nous sommes toujours en Décembre, et c’est le chaos. Dans nos têtes, dans nos vies, dans nos coeurs. Le temps est orageux et colérique depuis maintenant deux semaines à Hossegor, à notre image. On essaie d’être sur tous les fronts, pour faire les choses dans les règles, pour essayer de rendre la mort un peu plus belle. Mais quand on perd un parent, aucune beauté, aucune logique, aucune leçon de vie n’arrive à en être tirée. C’est juste cruel, injuste, impossible à accepter. Nous passons un Noël triste et amer, nos coeurs remplis de colère et d’amertume envers la vie et le destin.
Janvier se montre enfin, et avec tout ça, Février arrivera plus vite que prévu. Il est grand temps de faire une mise au point, de prendre des décisions, d’agir. De nous tourner vers l’avenir, alors que nous n’en avons ni la force, ni l’envie. Notre tête nous dit de tout arrêter, de renoncer, de rester là, à notre place parmi nos proches. Mais le coeur crie, hurle pour se faire entendre. Nous l’ignorons pendant un certain temps, après tant de chagrin nous voulons juste ne plus rien ressentir. Du tout.
Et puis nous récupérons Ernest, enfin. Il est sale, abîmé, il fait peine à voir. Mais nous sommes tellement contents de le retrouver. Une sorte de petite lueur, à peine perceptible, dans cette pénombre si dense. Sans vraiment réfléchir, de manière instinctive, nous nous jetons à corps perdu dans sa restauration. Quinze jours plus tard, après de grandes questions existentielles, de grands débats, mais aussi beaucoup de bricolage et d’huile de coude, Ernest à repris des couleurs et il est presque prêt à partir. Mais nous, le sommes-nous aussi ?
Hello February. On te redoutait autant que l’on t’attendait. Une petite croix rouge dans mon agenda, au 2. C’est bien l’heure. Il est temps. On sait que tu as raison, dans le fond. Rester ne nous la rendra pas, et ne nous apportera rien. Et puis les deadlines, c’est fait pour être respectées, il paraît. Mais tellement de « mais » dans nos têtes. Est-ce qu’ils vont finir par partir ? Et cette douleur au creux de nos coeurs ? Ok February, here we go. On met notre tête en mode off et on fonce. C’est la route, le voyage, les paysages et les nouvelles idées qui nous guériront. Sûrement. Un jour à la fois.
On décide alors de (re)faire (un peu) confiance à la vie et nous mettons les voiles le 2 février 2018, laissant derrière nous un ciel toujours très gris, qui laisse pourtant percer quelques beaux rayons de lumière.
Parce que même au-dessus des nuages les plus denses, le ciel lui, est toujours bleu.
18 comments
Vous avez bien fait <3
Merci Ambrou ! Pas toujours facile d’être loin mais c’est une sacrée aventure 🙂
<3 <3 Tellement beau et triste à la fois.. Love you les copains !
Love aussi ma chouette, miss you <3
Ton article est si touchant… quelle épreuve difficile vous avez vécu, et quelle force surtout vous avez ! J’espère que ce voyage/changement de vie vous est bénéfique, et vous aide à avancer. Je vous embrasse bien fort, et continuez à nous faire rêver !
Un jour à la fois, mais le voyage fait son petit effet… Merci pour votre gentil mot ♡ On vous embrasse fort également, bon début de route à vous après ces mois de dur labeur !
Wow, je ne m’attendais tellement pas à ça en commençant l’article ! Et je me sens si proche de tous ces sentiments d’un coup. Ça faisait des années qu’on parlait de partir à l’aventure avec Jerem, mais après les décès successifs de son papa et de ma mamoune, il nous aura fallu 3 ans pour finalement nous lancer. Une chose est sure, le voyage est une très bonne thérapie, et regardez les étoiles prend un tout autre sens 🖤
Et moi je ne m’attendais pas à votre commentaire … on est profondément désolé pour vous, et quel courage de vous lancer dans l’aventure tout de même, vous avez énormément de force <3 Et en effet, l'aventure prends un tout autre sens dans ces moments. On vit tout de manière plus intense, on est à fleur de peau et on a une rage de vivre encore plus forte qu'avant. On vous souhaite une belle aventure, et de toute façon on suivra ça de très près sur insta 🙂
C’est adorable merci pour votre réponse ! On est tous fort au fond de soi, il faut juste le décider. Vous avez eu beaucoup de courage également de partir sans vous laisser abattre par cet événement. On est très admiratif de votre parcours, et de ce que vous faites. Vous pouvez être fiers de vous 💪🏼
Trés fière de vous … beau message.. le coeur ❤️ â parlé.. elle est heureuse de vous savoir heureux .. je vous aime .. tatie 😘
Merci Kiki, on t’embrasse fort <3
L’article est très touchant ! Vous avez été forts et pouvez être fiers de vous. Au top ! Bisous.
Merci Mame, ça nous touche beaucoup <3
L’amour et le courage qui vous animent ont fait de ce rêve une réalité, bien que le réel soit si dur parfois.
Bravo a tous les deux, et continuez de prendre la vie de cette façon et de la propager autour de vous. ❤
Mille Mercis Pauline, ça nous touche énormément ton petit message <3
Ça fait un petit moment que je voulais faire un tour sur votre blog, visuellement très beau au passage 😉, j’ai l’impression d’en apprendre un peu plus sur vous et c’est hyper touchant !
Pour tout vous dire je cherchais un article sur votre statut de « nomad freelance » et comment bien s’organiser pour assurer les deux 😊 je vais donc vous demander quelques petits trucs sur Insta !
Hello Sven, merci pour ton passage sur le blog et ton commentaire 😉. Nous avons préparé quelques articles sur notre vie de nomades numériques qui arrivent très bientôt, stay tuned !
Super j’attends ça avec impatience et peut être que vous alez contribuer à ma décision de faire pareil 😉